Le rêve d'Arthur. Kaamelott livre 6

Le rêve d'Arthur dans le dernier épisode de la série, ironiquement nommé Dies irae (soit le nom du court métrage à l'origine de la série, clin d'oeil, clin d'oeil), m'a toujours fait totalement triper Il y a tout là-dedans. Il est amusant et sérieux à la fois. Il traite légèrement de choses graves et gravement des choses légères...avant d'être désamorcé par le décalage de Perceval, qui, pour le coup, retrouve l'humour de la série des débuts dans un moment propre à la gravité de la fin. Perfect sur le coup, monsieur Astier. J'espère vraiment vraiment, le film.

Arthur : Je suis dans l’espace, avec un vieux… Je vous raconte pas ça au hasard. Quand je me suis réveillé j’ai tout de suite pensé à vous. L’espace… ça a toujours été votre truc ça l’espace. Et les vieux, y en a toujours dans vos histoires à vous.  Bref, je flotte dans l’espace… avec les étoiles tout. Et y a un vieux à côté. Alors je sais si c’est moi vieux où euh... parce que les rêves c’est toujours le bordel pour ça. Et le vieux me fait : "Vous êtes prêt à voir le Graal ?" Alors moi je réponds : "Oui." Alors on se dirige vers une… une grande boule, mais en fait c’est notre Terre à nous. Sauf qu’au lieu d’être bien plate, ben elle est en boule quoi ! Comme je disais les rêves c’est toujours le bordel.  On descend, on descend. On atterrit sur un sentier, dans une forêt, sur le territoire du Seigneur Dagonet. Alors me demandez pas pourquoi. D’autant qu’il est même pas dans le rêve ce con-là mais, je sais pas comment vous dire, je sais qu’on est chez Dagonet. Le vieux se retourne et il me fait : "J’espère que vous avez pas peur de la marche. Parce que je vous préviens c’est pas la porte à côté." Moi je lui réponds : "Je comprends pas pourquoi on a pas atterrit directement plus près alors ?" Et il me répond pas il part devant. Je le suis. Je le suis, je le suis pis au bout d’un moment je me dis : "Merde… c’est le chemin de Kaamelott ici ! Oh", que je lui fais au vieux, "c’est pas le chemin de Kaamelott ça ?" "Si pourquoi ?" "Comment pourquoi", je lui fais, "le Graal il est pas à Kaamelott quand même ?" "Si", il me fait. Alors je m’arrête : "Vous vous foutez de moi ?" Il se retourne il me dit : "Vous voulez le voir le Graal où vous voulez pas le voir ? Bon bah bouclez-là et suivez." Et il repart. Bon. On arrive à Kaamelott, la baraque vide. Pas un garde à l’entré, pas un loufiat dans les couloirs, on passe devant la salle de la Table Ronde, pas de Table Ronde, la pièce vide. On continue, on continue et on arrive devant la porte de ma salle de bain : "Voilà, ouvrez c’est la derrière." "Mais… là derrière ou ça ? Dans la salle de bain ?" "Oui, dans la salle de bain." Alors je le regarde, j’essaie de voir s’il est pas beurré ou quoi, pis je rentre. Là y a la baignoire vide… enfin vide… y’a de l’eau mais y’a personne dedans. Et y’a du sang partout. Partout, partout… Il me fait : "Voilà ! C’est le Graal !" "Quoi quel Graal ? La salle de bain ?" "Non pas la salle de bain, la baignoire !" "La baignoire c’est le Graal ?" Ouais, c’est le récipient qui a reçu le sang du Christ." Alors là dans le rêve je lui mets une tarte au vieux… mais la bonne tartine attention, avec la tête qui part sur le côté, les cheveux de travers tout. "Tu te payes ma gueule ?", que je lui fais. Pis là mon vieux c’est lui qui se retourne, qui vient, il me fout une avoine. J’ai l’impression que le plafond me tombe sur la gueule. Je me ressaisis. Et il me dit : "Qu’est-ce que c’est que quelqu’un qui souffre ? Et qui fait couler son sang par terre pour que tout le monde soit coupable ? Tous les suicidés sont le Christ. Toutes les baignoires sont le Graal. Et vous savez qu’on s’est toujours demandé si y avait pas une inscription au fond du Graal ! Eh ben oui y’en a une. Allez voir", qu’il me fait. Alors j’y vais. Et au fond de la baignoire y a marqué : "Vous m’avez bien cassé les couilles." Et boum je me réveille.

Perceval : C'est vraiment chouette comme rêve. Moi l'autre nuit, j'ai rêvé que Karadoc avait des pinces.

Commentaires

  1. Les rêves, ça se compare pas...

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  2. Je deterre un peu le post, mais j'etait je viens de re-re-re-re-regarder la saison 6 (meme la 5eme fois c'est toujours aussi genial), et il y a toujours un passage que je comprend pas totalement, c'est ce fameux reve.

    Pourquoi est-il dans l'espace ? Qui est ce vieux (il dit que c'est peut etre lui vieux, mais bon) ? Pourquoi le vieux ne repond il pas a sa question "Pourquoi n'a t'on pas atteri plus pres" ? Pourquoi "pas de table ronde" ? Pourquoi personne dans le chateau ? Et pourquoi le "Vous m'avez bien cassez les couilles" au fond du graal / baignoire ?

    Je ne comprend pas la signification de tout ceci. Qu'essaye de dire Astier par ce reve ?

    Si quelqu'un a compris ou a une theorie, cela m'interesse. Je suis un peu frustre de ne pas capter ca, j'ai l'impression de passer a cote de quelque chose d'essentiel. Cela aurait-il un rapport avec la legende ? (je n'en connais que les grandes lignes).

    Merci.

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  3. Ce rêve, cette réplique, est l'élément principal de la série. Il laisse entrevoir tout le mystére, toute la portée symbolique de la quête du Graal.
    Il laisse bien comprendre que ce n'est qu'un rêve : un songe, une image, une fable, une parabole en gros. Donc ici il ne faut pas se limiter à la forme mais au fond.

    L'espace symbolise l'infini, le néant, le tout et le rien, l'absolu.

    Le vieux symbolise "Dieu". C'est une image. Ca veut pas dire que Dieu est un vieil homme barbu, mais c'est souvent ainsi qu'on se le symbolise. Donc ce vieux représente la conception même de "l'Etre Suprême".

    Il n'atteri pas plus pret, afin qu'il prenne conscience que ce qu'il a toujours chercher au loin, était en fait cher lui. Il y a un long chemin qui le sépare de Camelot, un loin chemin pour le ramener chez lui. Car dans cette recherche du graal, il s'est aventuré très loin et s'est perdu lui-même.
    Cela pour faire comprendre, que le graal n'est pas une chose que l'on trouve à l'extérieur, mais à l'intérieur. Ce n'est pas la recherche d'une chose matérielle, mais une quête spirituelle qui se passe en nous même.

    C'est pour cela qu'il n'a y plus personne dans le chateau, pas de table ronde. Car la quête du graal est une recherche intérieur, qu'on fait en nous même, avec notre âme. On est seul face à nous même. Seul, en tête à tête avec l'Absolu (Dieu).

    C'est pour ca qu'il lui dit que le graal est la baignoire. Biensur ce n'est pas l'objet en lui même, mais la symbolique. C'est la réponse à ses propres questions. Pourquoi s'est-il suicidé ? Pourquoi a-t-il perdu espoir ? Pourquoi a-t-il fait tout cela ? C'est la chute du héros, la chute du Christ.
    Il est dit que même Jésus est descendu en Enfer avant de monté au Paradis, qu'il faut d'abord chuter avant de s'élever, qu'il faut d'abord mourir pour pouvoir ressuciter. La chute c'est la dépression d'Arthur, jusqu'à la tentative de suicide.
    Désormais, il ne peut que s'élever. Tout cela, fait parti de son propre cheminement spirituel, de sa propre quête. C'est cela le graal.

    L'inscription "vous m'avez bien cassez les couilles", en soit ne veut rien dire concrétement. C'est plus, comme une exclamation dans la pensée d'Arthur, comme pour dire : finalement c'était si simple. Bon sang, mais j'avais rien compris, je me suis cassé le cul à rechercher une coupe, un vase, dans tout le royaume, alors qu'en fait, c'était simplement, une recherche spirituelle. Ca lui parrait tellement clair et évident maintenant.

    Le graal est symbolisé par une coupe, un vase, un récipient.
    En vérité, le graal c'est l'homme. l'homme est un coupe, qu'il faut d'abord vider de son mauvais vin afin qu'il recoive le vin Nouveau.
    La recherche du graal, c'est la recherche de soi, la recherche de la vérité. Il faut d'abord chuter (vider de son mauvais vin) pour recevoir le vin nouveau (la vérité, la paix intérieur).

    Jésus disait : " je suis le chemin, la vérité et la vie. Buvez mon sang." Le vin nouveau, c'est le message plein de sagesse qu'il a légé. Ce n'est que des paraboles pour laisser entrevoir un message caché.


    Cette réplique est un chef d'oeuvre d'écriture, de poésie, de philosophie et de spiritualité. C'est du grand art monsieur Astier.

    Voilà, j'espère que mon commentaire t'aura apporté un début de réponse Laurent in the U.S

    (Le quête du graal d'Arthur est une chose à transposer chacun dans notre popre vie. Car nous tous, en nous même, nous recherchons ce graal, cette quête spirituelle qui nous ménera à la sagesse et à la paix intérieure).

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    1. Bonjour, à vous 10 ans plus tôt, je vous remercie.
      Vous avez poser des mots sur une interprétation que je ressentais seulement, alors merci, et de sauver mon devoir que j'appuierais partiellement sur vos mots, merci aussi ! xD

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  4. Entièrement d'accord, j'ai la même interprétation, peu ou prou

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  5. Ce post date, mais cet épisode étant mon préféré, et venant juste de le revoir à l'instant, je ressens exactement la même chose dans cette interprétation. Ce mélange de vérité, de philosophie et d'humain, à travers l'absurde et l'humour, me parle vraiment. Je voudrais tellement qu'Alexandre Astier, auteur hors-norme et tellement original, puisse pouvoir partager sa vision des choses, tellement il a du talent pour ça: sa façon d'exprimer les choses que l'on peut ressentir, à travers l'absurde, l'humour et la tragédie. ça me touche. Absurde, drôle et tragique, moi je résume le monde et soi-même comme ça. Mais lui, il en sort quelque chose qui fait vibrer. Merci "Mr Anomyme" d'en parler aussi justement.

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  6. oui peut être. Oui sans doute. Ce sont des commentaires surement très justes, et dont je partage une grande partie.
    Mais il y a une petite phrase que je trouve terrible et que personne ne relève :" Et il me dit : "Qu’est-ce que c’est que quelqu’un qui souffre ? Et qui fait couler son sang par terre pour que tout le monde soit coupable? Tous les suicidés sont le Christ." Ca fait des années que cette affaire de culpabilité imposée me dérange....

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